GanBei !
Ca fait longtemps que vous ne m’aviez pas vu ? Ben ouais, mais ca fait longtemps que je n’ai pas eu le temps de me croiser non plus.
La bonne excuse du jour ? Elle est professionnelle donc incritiquable. Une semaine à 100% de remplissage. Voila. Rien à ajouter tout est dit. Et moi je n’ai plus rien à dire.
Vidée, lessivée.
Je fais genre mais en fait, pas tant que ça, ça s’est plutôt bien passé. A mon grand étonnement je fais face à la crise avec un calme qui me surprend moi-même. Oui bon d’accord, il y a quand même une ou deux fois où le coup de stress était tel que mes yeux se sont un peu humidifiés. Une ou deux fois où je suis passée à deux doigts de jeter le torchon.
Par contre, l’envie de tarter ma nouvelle collègue, de remballer mon superviseur, d’envoyer bouler ma manager, ELLE, c’est pas que une ou deux fois.
Nouvelle collègue qui brille par son inefficacité et qui n’apprécie pas que je lui fasse remarquer. Et qui décide pour se venger d’en foutre encore moins et de ne surtout pas m’aider le peu de fois où je le lui demande parce que je n’ai vraiment pas eu d’autres choix… Voila, à 28 ans je pense que c’est un signe flagrant de maturité.
Superviseur, lui aussi sous pression – bien que off deux jours sur les trois de folie furieuse – qui ne se gène pas pour utiliser cette excuse afin d’oublier tout le vocabulaire d’ordinaire lié à la politesse la plus basique et accessoirement oublier que je suis un être humain et non pas un robot programmé pour exécuter ses ordres.
Manager qui ne pointe le bout de son nez que pour faire
remarquer que « il y a un grain de poussière là, nettoie », «et puis
il y a des taches de café sur la machine à café, essuie », « et la
pile de prospectus ne fait plus 3cm de haut mais seulement 1,5, rajoutes-en ».
Et elle te dit ça avec un air, « mais décidément t’es vraiment bonne à
rien ma pauvre fille, heureusement que je suis là pour veiller à tous les
détails ». Mais toi, quand c’est ton première jour de boulot après 1 seul
jour off, que t’es là depuis 6h du mat’, que t’as pas eu le temps de poser un
bout de fesse, que tu as du commencer par nettoyer le bordel laissé par les
Chinois de la veille qui ont donné leur maximum en matière de dégueulassitude,
quand il a fallu passer toutes les tables au karsher et dénicher quelqu’un d’urgence
pour venir passer l’aspirateur, quand tu
t’es rendu compte que plus aucun set avec serviette déjà pliée, set de table et
couvert était prêt (forcément tu étais pas là la veille pour t’en occuper),
quand en les préparant toi-même tu t’aperçois qu’ il n’y a plus assez de sets
de table et que tu n’as pas d’autres choix que de recycler des « déjà
utilisés », que tu réalises que la veille les couverts ont été super mal
essuyés et qu’ils sont tous sales, quand tu t’aperçois que il y a pas que les couverts
qui ont été mal essuyés et que même les verres ne sont plus transparents, quand
en sortant les assiettes du placard tu te rends compte qu’elles sont encore
trempées, quand il n’y a plus de café et plus d’eau non plus dans la machine à café, quand
en sortant les fleurs pour les poser sur les tables tu réalises en voyant des
mégots flotter à la surface que y en a qui s’en sont servis comme cendrier et
que bien sur la collègue n’a pas daigné changer l’eau devenue jaunasse, quand
le cuistot en charge de la mise en place du buffet est arrivé en retard, quand
10 guests ont décidé de se pointer pour prendre leur petit déjeuner tous
ensemble à 6h29 alors que le Lounge est censé ouvrir à 6h30 et que évidement vu
tout ce que tu as du faire avant rien n’est prêt et qu’ils viennent un par un
te demander « et le sucre ? » « et le sel ? » « et
le lait ? » « et les assiettes » « et les
couverts ? » en ne comprenant sans doute pas qu’ils auraient tous intérêt
à te laisser finir de tout préparer EN PAIX, quand ils n’ont pas pu se
contenter de boire qu’ils pouvaient se servir tout seul à la machine mais qu’ils
ont décidé de TOUS prendre un capuccino que tu est obligée de leur faire toi-même
(oui, la machine est cassée), quand le téléphone n’as pas arrêté de sonner
toutes les deux secondes, quand tu as du faire face consécutivement à une
pénurie de jus d’orange, une pénurie de croissants et une pénurie de fromage,
quand tous les guests ont décidés de se succéder deux par deux, les uns après
les autres de 6h30 à 10h30, quand pendant que tu devais gérer le petit déjeuner
tu devais aussi gérer la petite dizaine de guests venus pour faire leur check-in/check-out/juste
se promener, que tu as du te battre avec eux, après t’être battu avec tous les
gens supposés venir t’aider, pour les convaincre en Chinois ou en langue des
signes d’aller faire ça en bas, quand le restaurant n’a pas arrêté de te
harceler pour savoir combien de petit déjeuners sont compris avec la chambre A
puis B puis X, puis Y puis –bref toutes les lettres de l’alphabet ont eu l’occasion
d’y passer, et plusieurs fois ! - , quand tu as du refaire toutes les
Welcome Letters de la veille que ta collègue a imprimé à l’envers/pas avec le
nom du manager du jour en charge de les signer/avec les noms « anglais »
des Chinois et ce évidement le jour ou il y a une trentaine de lettres à
imprimer et évidement une « vingt-neuvième » d’entre elles à faire en
Chinois (et oui, parce que je sais faire ca maintenant ! Je vous raconte
pas le temps que ça me prend mais bon…), quand c’est le jour où la meeting room
a été réservée pour toute la journée par un groupe de 10 personnes alors qu’elle
n’est faite que pour 8, quand tu as du passer la moitié de ton temps pliée en
deux devant ton ordi parce que tu n’as eu d’autre choix que de mettre ta chaise
dans la meeting room pour qu’eux puisse s’asseoir, quand ils ont décidé aussi
qu’il leur fallait un déjeuner servi dans le Lounge et que les organisateurs Chinois
t’ont pourchassé toutes les deux minutes pour savoir comment faire, quoi
commander, que finalement quand le Room Service leur apporte leur déjeuner, il t’a
fallu expliquer à tous les autres guests qui ont payé pour avoir accès à ce
Lounge, que non aujourd’hui pas touche au buffet, c’est les beaufs businessmen
qui sont en réunion qui ont commandé ça pour eux et qui de fait ont privatisé
le lieu public sans rien demander à personne, quand c’est le jour où on (et la
pour le coup, j’aimerai bien savoir son nom à ce con !) a choisi d’expérimenter
le check-in de deux groupes de 15 personnes dans le Lounge, quand la fille en
charge d’une des groupes trouve inadmissible qu’aucune chambre ne soit déjà
prête pour accueillir ses guests qui , je préfère préciser, débarquent à l’hôtel
à 11h du matin dans un hôtel où les check-out se font à midi et qui
accessoirement est complet à 100%, que forcément vu le bazar tu as du gérer les
plaintes des guests qui en ont marre, mais quand pendant ce temps là, tu as
toujours la cuisine remplie à ras bord de piles de vaisselle du petit déjeuner
à essuyer, quand pendant ce temps là la préparation des groupes n’avance pas, quand
tu te rend compte que tu vas pouvoir t’asseoir sur ton déjeuner, quand tu pries
pour oublier que ca fait au moins 2 heures que tu as envie de faire pipi, oui c’est
vrai, que même avec des couches et des couches sédimentaires de diplomatie, la
manager et bien tu as juste une très, mais alors très légère, envie de la lui
faire bouffer la poussière !
Et après une journée comme ça, mon superviseur qui m’a parlé comme à un chien toute la matinée me sort : « Alexia qu’est ce qui ne va pas ? Je ne comprends pas pourquoi tu es fâchée en ce moment, il faut que tu fasses un peu attention à tes manières » et ma collègue qui prend ma relève l’après-midi et à qui j’ai demandé d’aller changer le linge (serviettes, torchons, set de table et compagnie) parce que de mon coté je dois encore aller poster chambre par chambre toutes les Welcome Letters de la veille (parce qu’elle ne l’a pas fait) dit à mon autre collègue une fois que je suis partie que non elle ne le fera pas, parce qu’elle n’apprécie pas que je lui dise qu’elle ne fait pas son boulot correctement, alors qu’elle ne risque pas de faire cet effort pour moi. Et en effet, elle ne l’a pas fait.
Ndlr : Je tiens à préciser que toute ressemblance avec la réalité ne serait que pure vérité.
Mais bon, l’avantage, c’est qu’à ce rythme là, la semaine passe vite !
Et puis, je n’avais plus d’excuse pour ne pas aller me changer les idées quand ma collègue (et copine) m’a proposé de sortir hier soir, même si je travaillais ce matin. De toute manière, ça aurait rien changé, pire que le pire, ça n’existe pas ! Et puis en vrai, et ben ce matin, j’étais même pas fatiguée !
Au programme de la soirée, préparation entre filles dans ma
chambre, puis on est allé manger un bout (pancake à la banane et aux haricots
rouges pour moi - pas mauvais du tout !)
avec Brenda et deux de ses amis chinois adorables avec qui ont a continué la
soirée au Murat, un bar à expats sur Hengshan Rd. Et comme le hasard fait bien
les choses, j’y ai retrouvé deux Ceramiens également en stage à Shanghai et un
français qui s’est révélé être un ami de l’autre stagiaire français du Pullman.
BREF !
Jour off : demain
Retour au combat : après demain (merde ! Déjà ???)
Ceci dit, ne vous en faites pas pour ma survie, je me suis convertie au je-vais-bien-tout-va-bienisme et je pense que je vais pas tarder à tomber dans le fanatisme...
J’aime mon stage, j’aime la Chine, je vous aime encore plus
Aleshia La Guerrière
- ai booké l’hotel pour la venue de mes parents et frère préférés
- début de la saison des Litchis Chinois et ils n’ont rien à envier aux Réunionnais croyez-moi! (même si c’est vrai qu’ils sont un peu plus jaunes et un peu moins bronzés…)
Le choc culturel de la semaine : à propos de la soirée de vendredi soir… Ma copine me dit : « tu as vu le temps ? J’ai peur qu’il se mette à pleuvoir… ».Moi : « Au pire, on s’en fiche, on sera à l’intérieur ». Elle : « Ben, oui sauf pour boire… ». Moi : « ? ». Elle : « Ben, tu m’as pas dit que c’était un open bar ? ». Moi : « Si et ? ». Elle : « Et ben alors ca veut bien dire que le bar il est dehors ! ». Moi : « … »
L’inquiétude de la semaine : avoir une mère du genre
aventurière, à Bangkok pour son travail, qui va aller se promener comme si de
rien n’était alors que les manifestations n’ont fait « que » 20 morts
et une centaine de blessés dans les dernières 24h… Maman, si tu m’entends…
RESTE A L’HOTEL !!! (Et ferme tes fenêtres ! Et aussi ta porte !
En fait, tu sais quoi ? RESTE DANS L’AVION !!!!). Sinon, si tu veux vraiment
te lancer dans ce genre de tourisme inconscient à risque, je peux te
proposer une petite excursion nudiste à Jérusalem ou bien un colin Maillard géant
dans Bagdad. Alors ! Toujours partante ?
La révolte de la semaine : tous les matins, le cuisinier passe 4h dans une petite cuisine de 4m sur 2, dans le brouhaha du frigo et de la machine à glaçons, caché derrière une épaisse porte, en attendant qu’un guest commande un œuf/une crêpe/ une gaufre. Jusqu’à aujourd’hui, il passait sa matinée, les fesses vaguement posées sur les 10 cm de large d’une caisse en plastique. Et bien maintenant, un Manager (français) qui est passé par là, un de ceux qui ont un bureau rien qu’à eux avec un bon gros fauteuil en cuir dans lequel ils peuvent rester vautrés toute la sainte journée, à décidé qu’il fallait mettre fin à ce « privilège ». Dorénavant, mon cuisinier devra passer 4h dans une petite cuisine de 4m sur 2, dans le brouhaha du frigo et de la machine à glaçons, caché derrière une épaisse porte, en attendant qu’un guest commande un œuf/une crêpe/ une gaufre DEBOUT. Si c’est pas du sadisme pur et dur, je sais pas ce que c’est. Ah si ! De l’esclavagisme !